Bouzekri Razi, directeur des changements climatiques au secrétariat d’État au Développement durable, semble peu optimiste quant à l’aboutissement des négociations de la COP 24, qui doit prendre fin ce 15 décembre à Katowice en Pologne. Comme attendu, c’est l’accès des pays en développement à la finance qui constitue le principal obstacle. «Lors de la première semaine de la COP 24, il y a eu un projet de texte avec pour principal objectif de convenir d’un canevas de travail pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Malheureusement, il n’y a pas eu consensus. Plusieurs discordances sont apparues sur différents points entre les pays développés et ceux en voie de développement. Les discordances portent essentiellement sur la finance», regrette le négociateur marocain.
Les deux groupes de pays n’arrivent pas à se mettre d’accord sur leurs engagements financiers respectifs et sur l’appui devant profiter aux pays du Sud. «Il s’agit des engagements en termes d’argent qui devaient être prévus par les pays développés pour justement permettre aux autres pays de présenter leurs projets pour la réalisation de leurs engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre», poursuit Bouzekri Razi. L’autre discordance porte sur l’objectif global de financement à l’horizon 2025.
L’objectif de 2020 a été acté lors de la COP 21 de Paris en 2015. Les pays les plus industrialisés, ceux qui émettent le plus de gaz à effet de serre, s’étaient alors engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an au bénéfice des pays du Sud, faibles émetteurs, mais qui sont le plus impactés par les changements climatiques. Les discussions sur 2025 n’ont pas encore trouvé de point de concordance.
Autre obstacle, les pays en développement estiment qu’ils ne sont pas au même niveau que les pays développés en termes d’informations devant être fournies concernant leurs engagements de réduction de leurs émissions de CO2 dans le cadre de l’Accord de Paris. «Les pays du Sud estiment qu’il n’y a pas de flexibilité par rapport aux informations qu’on leur demande. Ces pays ont surtout besoin de renforcer leurs capacités pour faire le reporting de leurs projets». Le ratio qui doit revenir au fonds d’adaptation au dérèglement climatique n’a pas été fixé, au grand dam des pays du Sud qui subissent des phénomènes météorologiques extrêmes. Sur ce point, «la question des pertes et dommages n’a pas été suffisamment mise en avant. Les spécificités de l’Afrique n’ont pas non plus été prises en considération. C’est pourtant un continent qui souffre beaucoup du changement climatique».