Le premier semestre de l’année aura été mitigé pour le système bancaire. C’est ce qui ressort de l’état des lieux que fait Crédit du Maroc Capital (CDMC) de l’activité bancaire à fin juin 2018. Le département analyse et recherche constate ainsi une poursuite de la croissance de l’activité crédit à 812,5 milliards de DH.
Cette progression englobe une hausse moins prononcée des prêts aux ménages portée par la performance des crédits à l’habitat (+1,8%) et des crédits à la consommation (+4%). Les crédits entreprises ont remonté de 3,2% grâce à la progression des crédits à l’équipement (+3,3%) et des crédits aux promoteurs immobiliers (+1,6%) qui représentent près de 61% des crédits Corporate au cours des 6 premiers mois de l’année.
La poursuite de la progression des crédits s’est accompagnée d’une flambée du taux de contentieux du système bancaire de 130 points de base à 9,4% entre le premier semestre 2017 et le premier semestre 2018. CDMC explique cela par un bond de 16,2% de l’encours des créances en souffrance alors que les créances brutes sur la clientèle ne progressent que de 4,3%.
Pire, «le taux de couverture des banques marocaines se trouve ramené à 62,7%, soit une perte de 781 points de base par rapport au 1er semestre 2017. Ceci dit, le coût du risque du système bancaire s’améliore légèrement pour se situer à 0,91% contre 0,86% en 2017. Pour ce qui est des ressources, les dépôts de la clientèle sont en baisse significative après plusieurs semestres de hausse accélérée.
«Leur poids est dominant dans le bilan total du secteur bancaire puisque la structure de financement des banques est basée, essentiellement, sur les dépôts», souligne CDMC. Il est ainsi évident que «la contraction continue des taux des marges d’intérêt conduise les banques à privilégier les ressources non rémunérées et proposer à la clientèle des taux de rémunération des dépôts à terme assez bas».
Cela est la conséquence du renforcement du poids des comptes à vue au détriment des comptes d’épargne et des dépôts à terme. Dans ces conditions, le déficit de liquidité des banques s’est creusé à plus de 60 milliards de DH à fin juin compte tenu de la baisse des réserves internationales nettes et de la hausse de la circulation fiduciaire.
Face à cela, il y a un changement de la stratégie de placement de certaines banques. L’encours du portefeuille-titres des banques s’est amélioré de 1,6% à 284,7 milliards de DH représentant 22% de leur total bilan. CDMC constate ainsi un «renforcement du portefeuille de transaction (+5,5% à 168,8 milliards de DH) au détriment du portefeuille d’investissement (-9,5% à 26 milliards de DH)». Il n’est pas surprenant que 93% du portefeuille des banques soit composé de Bons du Trésor.
Moulay Ahmed BELGHITI L’Économiste