Les indicateurs de l’inclusion financière sont relativement moyens d’où la remobilisation générale et la mise en place d’une stratégie nationale. Seulement 29% des adultes détiennent un compte contre en moyenne 44% dans la région Mena et 58% dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Les taux de pénétration du crédit et de l’épargne demeurent aussi très faibles par rapport à plusieurs pays de benchmark selon le dernier bilan de la Banque mondiale.
En dépit du développement de l’offre des institutions financières et de l’augmentation des points de distribution (le nombre d’agences bancaires est par exemple passé de 4.800 en 2010 à 12.000 en 2017), l’utilisation des méthodes de financement et d’épargne informelles est encore très développée.
A un rythme plutôt lent, le paysage est en train d’évoluer avec le démarrage prochain des établissements de paiement. Ils permettront en partie de répondre aux besoins des segments à faibles revenus en alliant proximité et compétitivité des coûts. Si le manque de moyens et le coût des prestations des institutions formelles sont parmi les principaux freins expliquant le faible recours au système formel, la méconnaissance de ces institutions a une conséquence importante sur les arbitrages des ménages.
Le rôle de la Fondation marocaine pour l’éducation financière va prendre de l’ampleur dans la stratégie nationale d’inclusion financière. Créée en 2013, la FMEF vient de dévoiler son plan d’action sur les cinq prochaines années. Sa mission première est de doter les citoyens (en particulier les enfants et les jeunes, les populations vulnérables et les TPE) des compétences financières de base.
«L’éducation financière concerne tout le monde à des niveaux différents. Notre rôle est de favoriser la prise de conscience et de renforcer les compétences des personnes les plus vulnérables afin qu’elles puissent prendre des décisions bien réfléchies et s’adresser aux institutions financières en toute confiance», relève Fatima Zahra Aziz, directrice exécutive de la FMEF.
Plusieurs modules (financement, épargne, moyens de paiement…) totalisant au moins 26 heures de formations sont réalisés au profit des populations cibles. Pour avoir un impact plus large, la Fondation travaille avec le ministère de l’éducation nationale pour l’intégration de cours d’éducation financière dans les programmes scolaires pour la rentrée 2020-2021. La sensibilisation des juniors peut aussi permettre de développer l’esprit d’initiative. Quelque 215.000 jeunes ont été touchés par les actions de la FMEF en 2018 lors des journées de la Finance.
Par ailleurs, la multiplication des partenariats avec entre autres les banques et les associations de microcrédit permet d’élargir le périmètre d’intervention et de toucher des populations dans des zones reculées. L’année dernière, 4.200 petits agriculteurs et ménages ruraux ont bénéficié des formations de la FMEF.
En outre, 1.600 micro-entrepreneurs ont été coachés. L’usage des nouvelles technologies sera aussi un soutien dans l’amplification de l’action de la Fondation. L’application mobile de gestion de budget et d’épargne est opérationnelle depuis un an. Une plateforme digitale, en cours de mise en place, regroupera l’ensemble des actions d’éducation financière de l’ensemble des partenaires de la Fondation.