La souveraineté est définie comme étant «le pouvoir suprême reconnu à l’État, qui implique l’exclusivité de sa compétence sur le territoire national (souveraineté interne) et son indépendance absolue dans l’ordre international où il n’est limité que par ses propres engagements (souveraineté externe)» (Larousse).
Depuis le début de la pandémie du Covid-19, le débat sur la souveraineté s’est amplifié et les pays se sont rendus compte qu’ils dépendent d’autres pays pour leurs besoins vitaux en cette période de crise tels que les masques, les respirateurs et autres lits de réanimation…
Certains Etats ont été plus réactifs que d’autres pour démontrer leur agilité et leur capacité à produire sur le plan local les produits dont ils avaient besoin, et le Maroc a bien réussi cette phase en se permettant d’exporter après avoir répondu aux besoins internes.
Mais la souveraineté d’un pays ne se limite pas à certaines réactions ponctuelles, et elle ne peut se décréter du jour au lendemain. Elle doit être basée sur une volonté politique forte et une vision à moyen et long terme. Mais la réalité est que plusieurs pays voient leur souveraineté économique, industrielle et financière mises à mal par de grandes puissances telles que les Etats-Unis et la Chine. Alors que l’Union européenne tente de se mobiliser pour atténuer cet état de fait tout en essayant de préserver le sacrosaint droit de la concurrence.
Cela est aussi vrai dans le domaine du numérique, lorsqu’on constate que les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ou leurs équivalents chinois les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) mènent depuis plusieurs années des stratégies offensives dans les domaines de l’Intelligence artificielle, de l’analyse des données, de la robotique et d’autres branches du numérique.
■ Souveraineté numérique: En 2011, Pierre Bellanger (Président de Skyrock) a clairement défini cette notion en indiquant que «la souveraineté numérique est la maîtrise de notre présent et de notre destin tels qu’ils se manifestent et s’orientent par l’usage des technologies et des réseaux informatiques».
Mais bien avant certains pays ont tenté d’éviter cette dépendance technologique. En 1966, Charles De Gaulle a approuvé le «Plan Calcul» qui consistait à développer une industrie informatique nationale avec une vision européenne. Ceci a été matérialisé par la création de CII-Honeywell Bull qui a connu plusieurs péripéties en matière de fabrication des ordinateurs, avant que celle-ci (devenue Bull) ne soit rachetée en 2014 par une société de services ATOS.
Plus récemment, en 2012 l’Etat français lance ses deux fers de lance du «Cloud Souverain» – Cloudwatt (Orange et Thales) et Numergy (SFR et Bull) – en finançant 75 des 225 millions d’euros de chacun de ces deux projets. Mais leurs offres n’ont pas connu de succès auprès du marché (pas même l’Etat ou les collectivités locales) face à la concurrence de Amazon et Microsoft en particulier. Au début 2020, Orange a arrêté les activités de Cloudwatt et Numergy n’est plus qu’une marque commerciale de SFR.
La souveraineté numérique est devenue le nouveau cheval de bataille de l’Union européenne. Cette stratégie, bien souvent agressive, s’apparente en réalité à une forme déguisée de nationalisme, écrit l’économiste Bruno Alomar.
La propagation du Coronavirus dans les quatre coins du monde a entraîné une ruée sans précédent vers les applications de visioconférence (Teams, Meet, Zoom, Webex …). Devenu un outil quasi-indispensable pour remplacer les réunions physiques.
Et comme par hasard, toutes ces solutions sont américaines. Le Maroc n’a pas fait exception et certaines entreprises étaient contraintes de passer outre les interdictions de l’usage du Cloud que leur imposaient leurs actionnaires de référence.
Aujourd’hui, l’UE étant dépassée sur plusieurs volets technologiques, elle se focalise sur la protection des données tout en mettant à l’index des géants américains du numérique. L’un des enjeux majeurs de la souveraineté numérique est donc de rendre le cyberespace plus sûr pour les citoyens comme pour les entreprises et l’État.
■ Souveraineté des données: En quelques mots, il s’agit de faire en sorte que les données numériques des entreprises ou des individus soient hébergées dans leur pays d’origine et qu’elles soient soumises aux lois de ce même pays. Cet enjeu fut mis en évidence en 1978 grâce à la création de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés).
La transformation numérique, dès les années 90, fut l’occasion de créer de nouveaux cadres juridiques européens, tels que la Directive sur la Protection des Données Personnelles de 1995 et le RGPD (Règlement Général de Protection des Données) en 1998. Ce dernier interdit la fuite des données à caractère personnel hors de l’Union Européenne et c’est l’une des principales briques de compréhension de la souveraineté des données.
Selon Luc d’Urso, CEO d’Atempo, «pour exercer sa souveraineté il faut être libre, pour être libre il faut avoir le choix». En revanche, il constate que «malheureusement, en Europe, on n’a pas toujours le choix car il y a peu d’alternatives européennes dans cette filière» et que, de fait, «ce principe de liberté est limité». On se souvient encore du scandale Facebook-Cambridge Analytica lorsque les données collectées à l’insu des utilisateurs avaient été utilisées pour influencer les intentions de votes.
■ Gouvernance des données: Elle désigne la spécification des droits de décision et un cadre de responsabilisation pour assurer le comportement approprié dans l’évaluation, la création, la consommation et le contrôle des données et des analyses; et ce, dans le but d’en extraire la valeur pour les processus Métier (Gartner).
Aujourd’hui, envisager de classifier ses données paraît être une étape nécessaire pour permettre aux entreprises de mieux protéger leur exposition aux risques de fuite ou de perte. Ainsi le fait de connaître où sont stockées les données les plus sensibles et comment elles sont utilisées permet de mieux définir leur exposition aux risques et d’adapter ainsi les protections nécessaires au contrôle de ces risques.
Quel que soit l’évolution des législations dans différents pays, le «Multi-Cloud» s’imposera à toutes les organisations, qui choisiront les prestataires nationaux ou internationaux, selon le degré de confidentialité de leurs données et des services recherchés.
Datacenters Marocains certifiés Tier III (*)
- 2008: N+ONE est le premier acteur des services Cloud, son Datacenter est installé à Nouaceur.
- 2017: Maroc Datacenter construit son premier site à Témara.
- 2019: le 3e datacenter d’INWI, avec 1.000 m² de salles blanches , situé à Technopolis.
- 2020: Benguérir Data Center (OCP et UM6P), 2.000 m² de salles blanches modulables et 5 MW de charge informatique.
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(*) Caractéristiques du Tier III: Tous les composants sont redondés et de multiples chemins de distribution existent. Tout le matériel informatique est à double alimentation.Taux de disponibilité: 99,982%; temps moyen d’interruption par an: 1,6 h.
Source: TD
Cloud computing: Tendances clés pour 2020
La pandémie de Covid-19 et le passage au travail à distance et la vidéoconférence accélèrent le passage au Cloud. Le travail étant obligé de se faire à distance, les tâches sont en grande partie effectuées sur l’infrastructure du Cloud. Les outils de collaboration tels que Microsoft Teams et Google Meet sont devenus des rouages de l’écosystème du Cloud des entreprises.
L’enjeu se recentre sur l’acquisition de données. Ce n’est un secret pour personne que les fournisseurs de Cloud computing incitent les entreprises à utiliser leurs plateformes pour héberger des données. L’intelligence artificielle, l’analyse, l’Internet des objets et l’informatique de pointe seront des éléments différenciateurs parmi les principaux fournisseurs de services cloud, tout comme les services gérés et sans serveur. La capacité d’AWS à vendre des services d’intelligence artificielle, d’IoT et d’analyse sera essentielle. Microsoft Azure cherche également à se différencier par l’IA et le machine learning. Google Cloud Platform a gagné du terrain grâce à son savoir-faire en matière d’apprentissage automatique.
À l’heure actuelle, le marché mondial du Cloud est largement dominé par trois géants américains: Amazon Web Services, Microsoft Azure, et Google Cloud. Cependant, dans un futur proche, l’ordre établi pourrait être bouleversé par un autre titan venu de Chine: Alibaba Cloud.
Le marché des services de Cloud public devrait croître de 17 % en 2020, passant de 227,8 milliards de dollars en 2019 à 266,4 milliards de dollars en 2020.
Source: zdnet.fr