Avec le phénomène d’ubérisation des entreprises, la désintérmédiation des rapports – où le consommateur est aussi fournisseur de bien ou service – une poignée d’entreprises numériques sont devenues tellement puissantes qu’elles sont désormais monopolistiques. C’est ce qu’a expliqué Joel de Rosnay, scientifique, prospectiviste, conférencier, et écrivain au congrès Entreprise du Futur qui s’est tenu à Lyon en début d’année.
Selon lui, les GAFAMA (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Alibaba) et NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber), ont crû très rapidement, et aujourd’hui tous les consommateurs sont obligés de passer par eux. Ils nous ont alors transformés en « pronétaires », les consommateurs de l’internet. Ces plateformes ont autant besoin de nous que nous d’eux, et toutes nos données servent à créer de nouveaux produits et services.
Loin de n’être que de simples moteurs de recherches, ou distributeurs e-commerce, ce sont surtout des systèmes d’intelligence collaborative. Leur capitalisations boursières et trésoreries atteignent de tels niveaux que plusieurs sont même plus riches que certains Etats.
Comment les autres entreprises vont-elles pouvoir rester compétitives ?
Les futures entreprises numériques vont être gérées par des personnes ayant la culture du numérique, et les DSI vont progressivement disparaitre pour être remplacés par les DIN, directeurs de l’intégration numérique. Ces derniers vont jouer un rôle fondamental dans la nécessaire transformation des entreprises. La transformation concernera toutes ses couches : des méthodes de managements aux outils productifs, mais aussi de la formation à la relation client (ou le client devient à la fois acheteur et producteur).
En matière de concurrence, les nouvelles entreprises vont devoir passer des rapports de force à des rapports de flux. Les rapports de flux, ce sont des échanges d’informations, de connaissances, de biens et de services. L’information en temps réel permet de s’adapter et non plus de faire de
l’escalade. En matière de management, le nombre de travailleurs indépendants augmenterontbeaucoup. Certains parlent déjà de la fin du salariat classique. Par exemple en France, au cours des 5 dernières années, leur nombre a progressé de 25 %. Ils sont capables de désintermedier les entreprises par leur entreprenariat et de travailler en réseau. Le futur manager est celui qui saura exploiter et organiser ces réseaux, il travaillera au sein d’une entreprise transformée en coopérative d’indépendants.
Selon Phil Simon, auteur du livre « The age of the platform », la plateforme est « un écosystème adaptable qui intègre rapidement de nouveaux produits et services grâce aux clients, prosumers (des producteurs-consommateurs), partenaires, aux technologies numériques et au bénéfice mutuel des acteurs ».
Pour Joel de Rosnay, en 2030 les entreprises traditionnelles seront remplacées par ces plateformes numériques, qui deviendront la norme.