A la pompe, le prix du carburant est reparti à la hausse depuis quelques semaines. Les raisons de cette remontée tiennent au comportement du cours du pétrole qui pourrait s’embraser par les facteurs géopolitiques. Beaucoup d’experts redoutent l’impact de la tension entre les Etats-Unis et l’Iran.
En décalé, les consommateurs ressentent la remontée du prix de l’or noir. De 55 dollars en début d’année, le baril de pétrole (Brent) vaut autour de 70 dollars actuellement. Au ministère des Finances, l’on suit de près l’évolution de l’or noir. «Les équilibres macroéconomiques ne tiennent qu’à un fil. Il suffit que le cours du pétrole remonte à 80-90 dollars pour les fragiliser», ont laissé entendre des directeurs centraux.
L’évolution du prix du pétrole est fortement liée à la conjoncture internationale et aux décisions de l’administration américaine. La fin des dérogations accordées aux importateurs du pétrole iranien a fait bondir les cours récemment. Mais, les Etats-Unis comptent sur leurs alliés du Golfe notamment pour ne pas laisser filer les prix.
En moyenne, les prix sont proches des hypothèses de la loi de Finances. «Malgré les dernières hausses, le prix du baril reste à un niveau acceptable. Nous ne voyons pas de mouvement particulier chez les importateurs par rapport à l’évolution des cours», relève un banquier dans une salle des marchés.
L’économie marocaine demeure très sensible à l’évolution du prix du pétrole. D’où la reconduction à plusieurs reprises de la Ligne de précaution et de liquidité. Le dernier accord remonte à décembre 2018 et porte sur un montant de 3 milliards de dollars sur deux ans. Le Maroc a souscrit à cette assurance contre les chocs extérieurs en 2012.
A l’époque, le déficit budgétaire avait dérapé et la charge de compensation pesait lourd. La suppression des subventions aux produits pétroliers a réduit la sensibilité du budget aux fluctuations des cours. En revanche, une explosion de la facture énergétique pourrait avoir des conséquences lourdes sur les réserves de changes, surtout si les autres sources de rentrées de devises (recettes de voyages, transferts MRE, investissements directs étrangers)n’assurent pas.
En outre, un pétrole plus cher va renchérir les coûts de production des entreprises utilisant l’or noir et ses dérivés comme intrant. Ce ne sera pas neutre pour l’économie, même si les entreprises ont la possibilité d’atténuer les effets de la hausse des cours grâce aux opérations de couvertures.
Pour l’instant, la facture énergétique est maîtrisée. Elle est restée stable à 18 milliards de DH au premier trimestre. Son évolution sur les prochains mois et le comportement des réserves de changes pourraient favoriser les arbitrages en faveur d’une sortie du Trésor sur le marché international. Initialement, une levée de fonds était prévue en début d’année.
Mais, le comportement des finances publiques et les conditions d’emprunt sur le marché domestique ne justifiaient pas une telle opération. Le déficit budgétaire s’est établi à 3,8 milliards de DH au premier trimestre contre 9,8 milliards de DH à la même période l’année dernière.