Le Maroc, pays émergent en 2025?

DÉVELOPPEMENT – Nous sommes le 31 mars 2025. Le gouverneur de la banque centrale vient d’annoncer les prévisions de croissance. Le Maroc réalisera un taux de croissance à deux chiffres pour la 5ème année consécutive: un taux de 11,3%, tiré vers le haut par les secteurs des énergies renouvelables et de l’intelligence artificielle.

Le taux de chômage ne dépasse pas les 3,5% selon les données du Haut-Commissariat au plan, le pays se classe 28ème sur l’échelle de l’indice de développement humain, et le PIB par habitant s’élève à 15.000 $ contre 7.000 $ en 2015.

Voilà à quoi pourraient ressembler les indicateurs macro-économiques d’un « Maroc pays émergent » en 2025. En attendant, le taux de croissance en 2016 sera inférieur à 2%, et le royaume est classé 126ème sur 188 pays sur l’échelle de l’indice de développement humain. Ce n’est pas faute d’une volonté d’intégrer le concert des pays émergents, mais cette volonté doit être accompagnée d’une mobilisation générale autour de l’objectif.

Les prochaines années seront décisives pour le Maroc. L’économie marocaine peut devenir émergente grâce à ses potentialités et à la coordination des énergies de toutes ses composantes, ou manquer son rendez-vous avec l’histoire.

Devenir un pays émergent passe par la mise en place d’une base solide sur laquelle s’appuiera une croissance exponentielle. Au cours des quinze dernières années, le Maroc a parcouru un long chemin pour asseoir la base de l’édifice.

Sur le plan institutionnel, nous avons assisté à la création de plusieurs institutions dans divers domaines et au renforcement de leurs rôles. Les prérogatives les plus importantes sont même clairement définies dans la nouvelle constitution de 2011. Sur le plan économique, en plus de la maîtrise des indicateurs macro-économiques, le Maroc a lancé plusieurs plans sectoriels qui ont permis une modernisation de l’économie.

Maintenant que la base est établie et que le modèle a atteint une certaine maturité, quels freins y a-t-il au déclenchement de la phase d’accélération?

Il existe encore certains obstacles au passage à la phase d’accélération. Ils pourraient être levés par une mobilisation générale de tous les Marocains autour d’un objectif clair: « Le Maroc pays émergent en 2025 ». Le dénominateur commun entre ces freins qui entravent le passage à la vitesse supérieure est le manque d’un « méta-objectif » permettant aux différents opérateurs de faire converger leurs intérêts, travailler main dans la main, et dépasser les intérêts individuels. Il arrive, par exemple, que deux ou trois départements publics travaillent sur le même sujet, sans coordination aucune.

Il existe néanmoins des champions nationaux modèles, tels que l’OCP Group, qui tentent de mobiliser un écosystème, d’investir dans le développement des ressources humaines des régions dans lesquelles ils opèrent, ou encore de promouvoir l’innovation et l’entrepreneuriat.
Mais d’autres « champions nationaux » se soucient peu de l’intérêt commun et ne s’inscrivent nullement dans une optique de collaboration pour accélérer le développement du pays.

Un exemple flagrant est celui des opérateurs du secteur des télécommunications. Soutenus, par le régulateur des télécommunications au Maroc, ils bloquent les appels par VoiP. Cette décision a mis en péril les commerces de milliers de travailleurs indépendants et de startups qui utilisent Skype, WhatsApp ou Google Hangout pour communiquer avec leurs collaborateurs à l’international.

Qui plus est, la qualité du service ADSL laisse à désirer, avec des coupures à répétition. Et enfin, l’opérateur historique refuse de mutualiser l’infrastructure filaire avec les deux autres opérateurs, qui se voient obligés d’investir inutilement dans de nouvelles installations. Une mobilisation générale autour du « Maroc pays émergent en 2025 » encouragera les uns et les autres à se focaliser sur cet objectif et trouver un compromis entre intérêt financier à court terme et intérêt commun.

Les politiciens aussi doivent jouer un rôle dans le « Maroc pays émergent en 2025 », en commençant par élever le niveau du débat de leurs élus et de leurs militants. En 2011, le débat politique a connu un véritable regain d’intérêt de la part des jeunes, tiré par le mouvement du 20 février. Nous assistons malheureusement depuis à des mascarades d’un niveau plus que bas. Au lieu d’un débat d’idées et d’un projet de société, nous assistons à une multiplication de querelles et d’insultes, amplifiées par des vidéos et des images choc sur les réseaux sociaux.

Une mobilisation générale autour du « Maroc pays émergent en 2025 » permettra sans doute d’élever le débat et de pousser les élus des partis à proposer de véritables projets de société et aux partisans de « militer » pour ces projets.

Dans ce contexte, comment la mise en place d’une stratégie de Nation Branding Maroc favorisera-t-elle l’intégration du concert des pays émergents?

Le Nation Branding est aux projets nationaux ce que le design est à l’innovation: une brique permettant à l’ensemble des parties prenantes de voir le projet d’un seul œil et facilitant sa commercialisation par la suite. Il est nécessaire pour le Maroc, dans le cadre de cette volonté d’intégrer le concert des pays émergents, de construire une « marque pays » qui façonnera, en interne d’abord puis à l’étranger, une image claire de ce qu’est le Maroc.

Toute production allemande par exemple est synonyme de « qualité et rigueur »: voitures, machines, thèses de recherche, système académique, etc. Le Japon, lui, est synonyme d' »innovation et technologie ». Il ne s’agit pas d’un cliché arbitrairement développé, mais du résultat d’un travail coordonné et continu sur plusieurs années, conjugué à des campagnes de promotion.

Pour le Maroc, le processus d’élaboration d’une stratégie de Nation Branding, constituera une occasion pour les parties prenantes (départements ministériels, secteur privé, diplomates, universités, etc.) d’ouvrir le dialogue et d’identifier des sources de blocage ou des points de divergence. Par la suite, la mise en œuvre d’une telle stratégie au niveau national permettra de mobiliser les citoyens autour de cette marque, déclenchant une dynamique et poussant les citoyens à mieux communiquer sur leur pays.

Enfin, une « marque Maroc » permettra une meilleure commercialisation des produits et services marocains à l’international, ainsi qu’un renforcement de la diplomatie marocaine, en clarifiant les intérêts stratégiques à s’allier au royaume.

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Sur Majid FATHI

Directeur General, à Flash Economie Funder & CEO, à Eprogiciel Directeur à Progiciel France Directeur Général, à IITIC (L'Institut International des technologies de l'information et de la communication) Auparavant Ingénieur d'étude et de développement à Banque Populaire Auparavant Directeur Général à Centre d'études financières, économiques et bancaires à Paris. Directeur à Crédiatis vendu à la Banque Populaire Nord de Paris Auparavant Co-Founder à 123credit.com vendu à la BNP Études : Informaticien Systèmes et Réseaux Informatiques à ENS Cachan Études : Informaticien systemes et reseaux à EPITA

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