C’est ce qu’a expliqué Saâdeddine El Othmani, chef du gouvernement, lors de la conférence du lancement du dialogue national pour la définition des orientations de la politique publique dans ce domaine. Cette rencontre sera suivie d’une série de réunions dans les régions, a annoncé Abdelahad El Fassi, ministre de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.
Pour lui, «la résolution de la problématique des disparités territoriales impose une refonte de la relation entre l’Etat et les collectivités locales, en plus du renforcement des mécanismes de planification et d’intervention». L’objectif est d’aboutir à «une nouvelle offre territoriale, permettant le passage de la logique du Maroc utile à plusieurs axes du Maroc prometteur», selon le ministre.
Aujourd’hui, l’évaluation du schéma national d’aménagement du territoire a révélé que ce document a montré ses limites. D’où l’urgence de mettre en place un nouveau document prospectif, prenant en compte les dispositions de la loi organique sur les régions, en vue de définir les priorités nationales dans ce domaine.
Cette nouvelle approche doit être appuyée par «la création d’un mécanisme de financement, permettant la mise en œuvre des grandes orientations en matière d’aménagement et le renforcement de l’attractivité des territoires». Le nouveau document, étalé sur une période de 25 ans, devra définir des axes stratégiques, «en phase avec le nouveau rôle de l’Etat en tant que garant de l’équité territoriale», a souligné El Fassi.
Durant les dernières années, l’équité territoriale a été réduite à la réalisation d’un niveau élevé d’investissements publics dans certaines régions. Or, «cette logique a montré son incapacité à réduire les disparités territoriales». Ces investissements ont répondu essentiellement au besoin de résorber les déficits dont souffraient certaines régions, comme cela a été confirmé par les statistiques du HCP.
Pour l’instant, la plupart des grands projets économiques, permettant la création des richesses, sont concentrés sur la bande du littoral atlantique et à l’ouest de la Méditerranée, selon le ministre.
Les nouvelles orientations de la politique publique d’aménagement du territoire devront être adoptées avant la fin de cette année, lors d’une réunion du Conseil de gouvernement, est-il indiqué. Elles devront répondre à une série de défis, liés notamment aux transformations sociales et territoriales qu’a connues le Maroc durant les dernières décennies.
Entre 1960 et 2014, la population du Maroc a triplé. Sur la même période, les habitants des centres urbains ont été multipliés par 6. Actuellement, les 2/3 des Marocains vivent dans les villes. Ce taux devra passer à 75% à l’horizon 2035. L’une des principales remarques mises en avant par le département de l’Aménagement du territoire: les centres urbains qui participent à hauteur de 75% du PIB et 70% des investissements, représentent à peine 2% du territoire national.
En face, dans le monde rural, qui couvre 98% de la superficie du Royaume, le nombre de la population a augmenté seulement de 1,6 fois. «Ce qui traduit un transfert de la pression démographique vers les villes», selon El Fassi.