SOCIÉTÉ – A chaque rentrée scolaire et universitaire, ressurgit le débat sur la capacité du Maroc à assurer une gestion efficace de son capital humain, en particulier la formation des jeunes et leur adaptation à l’économie de la connaissance. Cette thématique demeure primordiale car la population a, depuis longtemps, constitué un facteur de puissance souvent militaire pour les entités étatiques. Aujourd’hui, l’essor du capital humain s’impose comme une source de richesse incontournable qui favorise la croissance et le développement des Nations.
D’ailleurs, les Etats qui s’efforcent d’investir dans leur capital humain demeurent plus attractifs, d’autant plus que leur croissance ne cesse d’évoluer. Des pays comme les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Corée du Sud ou la Chine qui constituent des puissances économiques importantes, se sont efforcés d’adopter en premier ressort, une approche fondée sur la bonne gestion de leur capital humain. Ces Etats n’ont pas hésité à s’engager dans un effort d’investissement considérable au profit de leur population active en particulier les jeunes en leur assurant un niveau de formation élevé, l’accès à la mobilité, la multiplication des échanges internationaux… L’objectif étant de façonner le système économique de ce début du XXIème siècle. Il s’agit de « l’économie de la connaissance ».
Conscient de cette situation, le Maroc tend à rejoindre cette approche. Si le Royaume a réussi à s’ériger en un véritable modèle de tolérance religieuse et de diversité culturelle, il vise, aujourd’hui, la remise à niveau de sa population active pour s’imposer sur le plan de « l’économie de la connaissance ». Ainsi, dans le cadre de son discours du trône, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insisté sur la nécessité d’accorder une plus grande valorisation au capital immatériel du Maroc, principalement dans sa composante humaine.
Depuis, la bonne gestion des ressources humaines du Maroc s’est inscrit au cœur même de la politique de développement engagée par le Royaume. C’est dans ce sens qu’on assiste à un regain d’intérêt pour cette problématique par les grandes entreprises, les médias, les universités, les centres de recherche et les think tank (I) qui œuvrent pour une meilleure gestion des ressources humaines du Royaume (II).
I- Regain d’intérêt pour le capital humain au Maroc
Depuis le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, plusieurs efforts ont été déployés par le secteur de l’enseignement et même par les grandes entreprises et médias pour accroître le développement du capital immatériel au Maroc. Au niveau universitaire, une panoplie de filières et de formations a été mise à la disposition des étudiants et des professionnels afin d’améliorer leurs connaissances et réadapter leurs compétences avec les besoins stratégiques du Maroc. De même, les universités marocaines se sont investies dans une approche de diplomatie universitaire à travers la multiplication des programmes d’échanges et de formations au profit non seulement des étudiants, mais aussi des professeurs et des jeunes professionnels. Cela contribue à l’émergence d’un capital humain qualifié qui serait susceptible de garantir la croissance durable du Maroc.
Les Think Tank et les différents centres de recherches du Royaume contribuent également à cette démarche. Ces derniers ont mené de nombreuses études et analyses afin d’apporter des solutions permettant l’essor de la richesse humaine du Royaume. L’Institut Amadeus, l’OCP Policy Center et le CERESS ont été, d’ailleurs, les premiers à s’intéresser à cette question.
La politique du développement du capital humain au Maroc ne concerne pas uniquement le monde universitaire et académique, au contraire, toutes les forces vives de la Nation ont été invitées à y contribuer, notamment le secteur économique qui reste le premier bénéficiaire. En effet, une population active, formée et encadrée permettra d’augmenter la production et la compétitivité des entreprises marocaines, ce qui aura pour impact le renforcement de la position du Maroc sur la scène économique internationale.
Dès lors, plusieurs entreprises marocaines investissent dans cette démarche, soit directement en offrant des opportunités de formation à leurs cadres, soit indirectement en établissant des partenariats avec les grandes écoles et universités marocaines ou étrangères tout en attribuant des bourses d’études aux étudiants marocains. L’objectif étant de stimuler l’esprit de créativité et d’innovation de la jeunesse marocaine. Cette politique commence à porter ses fruits puisque le Maroc est désormais représenté dans toutes les compétitions économiques internationales par des étudiants et des jeunes leaders qui exportent à l’international, des idées et des projets marocains très innovants.
En s’attaquant ainsi à la qualité du capital humain, le Maroc a réussi à créer un climat d’affaires et d’investissement plus attractif permettant de convaincre les grandes sociétés internationales d’investir au Royaume. L’installation des firmes multinationales comme Renault, Bombardier etc., constitue, à ce titre, un exemple très pertinent.
Cependant, si le Maroc dispose, désormais d’une architecture structurale favorisant son accès à l’économie de la connaissance, force est de constater que son impact sur le développement social reste très limité. Cela est dû nécessairement au rendement assez fluide de l’éducation et à la fermeture des formations professionnelles, qui à défaut d’être généralisées, ne peuvent contribuer au développement du capital humain du Maroc. D’où la nécessité d’élaborer une politique globale permettant d’assurer une meilleure gestion du capital humain au Maroc (II).
II- Pour une meilleure gestion du capital humain au Maroc :
Dans la perspective de concurrencer ses rivaux et s’imposer comme un acteur économique influent, le Maroc doit investir davantage dans son capital humain. En effet, le Royaume possède une richesse estimée à plus de 33 millions d’habitants dont une population active dépassant 50%. Au niveau de leur formation, la population du Maroc dispose de 16 universités, 170 établissements d’enseignements supérieurs (Public-Privé). Le nombre des lauréats est en constante évolution: 40.000 lauréats annuellement dont 10.000 ingénieurs.
Cependant, le taux d’analphabétisation restant très élevé et le niveau de chômage avoisinant 10% chez les jeunes dont la majorité est titulaire des diplômes universitaires conditionnent tous les efforts d’optimisation du capital humain au Maroc. Cela constitue, d’ailleurs, un enjeu majeur pour le Royaume et une problématique essentielle à laquelle il se doit de répondre efficacement. En effet, le développement durable « soutenable et équitable repose essentiellement sur l’accumulation des actifs immatériels notamment le capital humain ».
Pour ce faire, il est impératif d’adopter une politique globale qui aura pour corollaire d’investir dans le capital humain. De ce fait, plusieurs rapports, études et analyses ont été élaborés afin d’apporter des recommandations voire des solutions crédibles à la problématique du développement du capital humain au Maroc. L’ensemble de ces études s’accordent sur la nécessité d’établir des réformes en matière de l’enseignement et du système de la formation au Maroc. Sur ce point, la généralisation de l’enseignement de base et l’augmentation du niveau d’éducation devraient constituer les prémices de toute politique. Cela concerne plus particulièrement le système d’enseignement universitaire et les établissements de formation professionnelle.
En effet, les universités sont tenues, aujourd’hui, de renforcer la coordination entre les politiques d’éducation, de formation et d’insertion professionnelle afin de faciliter l’intégration des diplômés dans le marché d’emploi. Les établissements universitaires doivent également diversifier leur offre en favorisant la qualité et l’apprentissage des compétences de gestion et d’utilisation des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC). De plus, il faudrait encourager l’esprit d’entreprenariat et la prise d’initiative chez les jeunes en leur offrant des opportunités d’insertion dans le marché économique national.
En somme, l’essor du capital humain constitue un enjeu majeur pour le Maroc. Il s’agit de la seule option possible pour permettre au Royaume de continuer sur sa lancée et de s’imposer davantage comme un pays émergent consolidant encore plus, son statut de modèle en matière de stabilité et de développement au niveau régional et international
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