La pandémie de Covid-19 a beau faire rage dans les deux pays, l’Iran et les États-Unis restent à couteaux tirés, alors que la république islamique a mis en orbite son premier satellite militaire et que Donald Trump menace de détruire des vaisseaux iraniens dans le golfe Persique.
“Si vous pensiez qu’une pandémie mortelle et une crise économique vertigineuse suffiraient à convaincre l’Iran de faire ne serait-ce qu’une pause dans sa confrontation avec les États-Unis au Moyen-Orient, vous aviez tort”, observe Vox. Pas plus qu’il ne faut compter sur Donald Trump pour calmer les esprits.
Mercredi, les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique iranienne, ont annoncé sur leur site officiel, Sepahnews, avoir lancé avec succès leur premier satellite militaire. Baptisé Nour – “lumière”, en persan –, le satellite “est en orbite à 425 kilomètres au-dessus de la Terre” et représente “un accomplissement majeur pour le secteur spatial iranien”, assurent-ils.
“Si l’Iran est resté vague sur les capacités militaires du satellite, cette opération n’est pas anodine, notamment parce qu’elle a été réalisée depuis une rampe de lancement mobile”, précise le New York Times. Or ce type de rampe est “similaire à celles utilisées par la Corée du Nord pour démontrer qu’elle peut lancer un missile avant que les États-Unis ou ses alliés n’aient le temps de répondre”.
Le général iranien Hossein Salami a salué l’opération. “Aujourd’hui, les plus puissantes armées du monde n’ont pas d’arsenal de défense complet sans un accès à la technologie spatiale, et réussir à accéder à cette technologie est une réalisation stratégique”, a-t-il déclaré, selon l’agence officielle Irna.
Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, à l’unisson d’Israël, n’a pas tardé à condamner la manœuvre iranienne, assurant que ce lancement violait une résolution de l’ONU interdisant à l’Iran les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques. Téhéran “devra rendre des comptes” à la communauté internationale, a tonné M. Pompeo, selon Ha’Aretz.
“Manœuvres dangereuses”
Quelques heures plus tard, sans faire référence au satellite iranien, Donald Trump déclarait sur Twitter avoir donné l’ordre de “détruire” toute embarcation iranienne venant “harceler” les navires américains, rapporte le Washington Post.
Le Pentagone a expliqué que “la menace” visait à dissuader l’Iran de poursuivre les “manœuvres dangereuses” observées la semaine dernière dans le golfe Persique, quand une dizaine de bateaux des Gardiens de la révolution s’étaient approchés très près de navires américains, ajoute le quotidien.
Selon des propos cités par Al-Jazira, le président américain a réitéré ses menaces dans l’après-midi, lors de son point presse quotidien sur le Covid-19. “Nous n’allons pas tolérer cela. Ils mettent nos navires, nos formidables marins et nos équipages en danger, a-t-il dit. Nous leur tirerons dessus, en mer.”
Le bras de fer entre les deux pays s’est également illustré sur le terrain financier, observe Politico, les États-Unis s’opposant au prêt de 5 milliards de dollars réclamé par Téhéran au Fonds monétaire international pour lutter contre le Covid-19.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, s’en est ému et a déclaré “regretter” la position américaine. “D’un point de vue humanitaire, cette demande aurait due être acceptée”, a-t-il déclaré.
Face à ce regain de tensions tous azimuts entre les deux puissances, NPR constate l’échec de la stratégie américaine. “Ceux qui critiquent la campagne de ‘pression maximale’” contre Téhéran “estiment que si le but était réellement de ramener l’Iran à la table des négociations, et non de provoquer un conflit, alors la diplomatie américaine a échoué.”
Source: https://reveil.courrierinternational.com/